Né à Tracunhaém (PE), Ivanildo Demesio da Silva raconte que lui et d’autres enfants demandaient de l’argile aux potiers de leur ville pour jouer. Était-ce le début d'une passion ? Un autre jeu auquel il aimait bien jouer était le football. Mais cela semblait évident, cher lecteur, il était au Brésil.

Ivanildo se distinguait par son habileté avec le ballon et il a failli devenir un joueur professionnel. Mais entre ses jeux d’enfants, c’est-à-dire, entre l’argile et le football, le destin a voulu qu'Ivanildo ne devienne professionnel que dans le premier. Le football est devenu pourtant un sacré loisir au rendez-vous tous les quinze jours. Ivanildo s'est d'abord aventuré dans l'étude de la noix de coco kenga (un type de fibre), en travaillant sur de petits meubles. Puis il a travaillé à la sculpture de troncs d’arbre de noix de coco et, enfin, il a travaillé avec un ami en aidant à la finition des pièces en argile. Cet ami, propriétaire de l'atelier où travaillait Ivanildo, imaginait les pièces pendant qu'Ivanildo les fabriquait.

 

Ivanildo en est tombé amoureux et ce grand voyage artistique a débuté... Le travail d'Ivanildo a atteint le point où certains de ses collègues l'ont appelé Maître Artisan. Ivanildo refusait ce titre. Cela n’est pas dû à sa modestie, mais à la reconnaissance du fait que l'argile est une technique extrêmement difficile et qu'il a encore beaucoup à apprendre. S'il se qualifie de "simple artisan", ce n'est donc pas pour diminuer son travail ou pour se déprécier mais c'est le désir d'apprendre beaucoup plus à propos de cette tradition des maîtres de Tracunhaém. Or, la ville est connue pour son excellence dans la maîtrise de la technique de l’argile.Le respect de la tradition est une vision que nous avons peu de temps pour développer par nous-mêmes. Il faut donc apprendre autant que possible des maîtres et travailler dur à la pratique manuelle pour améliorer le travail individuel.

Photo: Ivanildo avec sa fille dans les bras, enchantée du travail de son père.

Par conséquent, pour être un "simple artisan", il faut beaucoup d'études, de pratique, de maîtrise des techniques, de dévouement et un désir constant d’élargir ses connaissances. Actuellement, Ivanildo s'appelle Ivanildo de Tracunhaém et son atelier livre des pièces dans tout le Brésil. Ses yeux sont toujours ouverts à n'importe quelle « tâche » d’argile qui pourrait tomber devant ses yeux, car chacun d'entre nous sait que notre premier réflexe serait de l’ignorer, mais Ivanildo garde toujours les yeux grands ouverts afin d'absorber autant d'informations que possible pour créer de nouvelles oeuvres.

Sculpture pendule

Photo: dans l'ordre, Ivanildo travaillant l'argile et la sculpture du pendule en argile blanche

Un fait curieux : en plus d'être artisan, il est aussi conservateur de musée, et cette fonction exigeant tant du regard est perceptible dans les œuvres de l'artiste. Seul un regard attentif est capable de remarquer les traces et la beauté de quelque chose du quotidien comme le bâillement. C’est le titre et l’inspiration de ses œuvres les plus recherchées. française, a été initialement inspirée par « Le Cri » du norvégien Edvard Munch (1893), et ses œuvres dégagent un peu d’humour. Mais Edvard Munch n’a pas été sa seule source d'inspiration. Grâce à son regard attentif, Ivanildo arrive à voir dans l’expression de plusieurs personnes qui passent devant lui une nouvelle œuvre. Ainsi, son inspiration ne se trouve pas seulement dans le tableau « Le Cri » mais dans toutes les expressions qu'il peut voir dans sa vie quotidienne. Il y a une autre curiosité à propos de son processus de création : avant de réaliser les pièces, Ivanildo les imagine et les idéalise mais ne planifie pas le résultat ou bien quand est-ce que la pièce est finie.

Photo: Ivanildo est célèbre pour ses sculptures murales bâillantes.

Ivanildo arrive donc à « sentir » si la pièce est prête ou non. Les pièces d'Ivanildo sont fabriquées avec de l'argile provenant d'un gisement de qualité à Paraiba (PA). Après avoir reçu la matière première, l'argile est mise de côté pour « mûrir » pendant 6 mois à 1 an. Ensuite elle peut être travaillée. Cette technique rend l'argile plus malléable, ce qui permet d'obtenir des pièces aux finitions plus délicates. La qualité de l'argile est fondamentale pour un bon travail, car les quatre éléments - terre, eau, feu et air - doivent être en harmonie. argile blanche Lorsque l’on a interrogé Ivanildo sur l'avenir, il a répondu qu'il préférait s'en tenir au moment présent, profiter de tout ce qu'il pouvait saisir actuellement.

 

Il aime ce qu'il fait, il est fier du travail qu'il accomplit et, depuis plus de 20 ans, il s'amuse avec ses collègues. Il adore rendre visite à ses amis et aussi les recevoir dans son studio. Il est heureux de faire partie d’une communauté d’artisans très unis s'organisant pour garantir leurs droits à Pernambuco, en cherchant des espaces d'exposition, de meilleures conditions pour les artisans, en cherchant toujours à renforcer la communauté et le maintien de cet art qui vient du peuple d'origine.

Ivanildo a l'intention de continuer à créer, à observer et à apprendre. Il met en avant une phrase d'une idôle, Tom Zé (chanteur brésilien) : "Ce qui sauve l'humanité, c'est qu'il n'y a personne qui guérit la curiosité" (“Mas o que salva a humanidade, é que não há quem cure a curiosidade”) Nous sommes si heureux de pouvoir profiter de la curiosité d'Ivanildo transformée en bâillements, sourires et tant d'autres bonnes émotions qui égayent notre quotidien.